Informations de bases
Nom : Edenway
Prénom : Rodolphus
Age : 64 ans
Votre personnage
Votre histoire (10 lignes complètes) :Trois coups secs furent donnés à la porte, et un « entrez » teinté d’une certaine lassitude retentit. La porte s’ouvrit sur une pièce majestueuse où vrombissaient doucement une multitude d’instruments argentés. Certains projetaient de temps à autre un rond de fumée, tandis que d’autres se contentaient de refléter l’éclat doré du soleil derrière leur vitrine. Aux murs, surplombant quelques étagères remplies de livres anciens, se dressaient les tableaux de vieilles personnes assoupies, paisiblement assises dans leurs sièges.
- Ah ! Rodolphus ! Entre, entre, je t’en prie.
Un sorcier à la barbe aussi longue qu’argentée se dressa derrière le grand bureau qui se trouvait près de la fenêtre, les bras écartés en un geste de bienvenue pour accueillir le nouveau venu. Derrière ses lunettes en demi-lune posées sur un nez crochu, deux yeux bleus plein d’intelligence pétillaient de joie.
- Bonjour, Albus, répondit Rodolphus avec le même entrain que Dumbledore. Cela faisait longtemps.
- Très longtemps, en effet. Combien de temps, déjà ?
- Quelques années… Depuis l’enterrement d’Ariana.
- Ah, oui, l’enterrement, répéta Dumbledore sans se départir de sa bonne humeur. Pardonne-moi de ne pas avoir pris plus de tes nouvelles, mais comme tu le sais, la famille n’a jamais été mon fort. Même si, biologiquement parlant, nous n’avons pas de lien de parenté, toi et moi.
- Je suis tout autant coupable que toi de n’avoir pas entretenu de relation.
- La faute est partagée, c’est vrai, reconnut Dumbledore avec amusement. Mais comme tu as répondu à mon appel, nous allons pouvoir y remédier. Je t’en prie, assieds-toi. Un peu d’hydromel ? Il est vieilli en fût, et vient directement de chez Rosmerta.
- A Pré-Au-Lard, n’est-ce pas ? devina Rodolphus. Cela fait si longtemps que je n’y ai pas mis les pieds.
- Les lieux n’ont pas beaucoup changé, dit Dumbledore en versant l’hydromel dans deux verres en cristal. Si tu y fais un tour, je te conseille les suçacides de chez Honeydukes. Un régal pour le palais, et un véritable désastre pour mes vieilles dents.
Ils pouffèrent de rire, avant de s’installer l’un en face de l’autre, tout à leur joie de se retrouver.
- Tu as une jolie Pensine, reprit Rodolphus en voyant le récipient posé sur le bureau. J’en ai rarement vues d’aussi grandes.
- Elle m’est très utile, dit Dumbledore sur un ton léger. Surtout en ce moment, où j’ai bien trop de choses à penser.
- Celle que nous avons au Ministère est en moins bon état.
- Au Ministère ? s’étonna Dumbledore. Tu travailles là-bas ?
Rodolphus esquissa un grand sourire.
- Tiens donc, tu l’ignorais ? Toi qui es au courant de tout, en temps normal.
- J’ignore beaucoup de choses ! répliqua joyeusement Dumbledore. Mais comme je suis – pardonne mon manque de modestie – un peu plus intelligent que le commun des sorciers, on a tendance à s’en étonner excessivement.
- Tu as raison. On a l’habitude de penser que tu es partout à la fois. Je suis donc au Ministère de la Magie, en stage pour ma carrière d’Auror, poursuivit Rodolphus avec un nouvel élan. C’est probablement pour cela que tu n’avais pas connaissance de ma présence là-bas, je n’y suis pas « officiellement ». Mais plutôt que de te raconter, laisse-moi te
montrer. Ca me fera un bon exercice, qui plus est. Je ne le maîtrise pas encore parfaitement. Tu permets ? demanda-t-il en désignant la Pensine.
- Certainement. Juste le temps de récupérer mes propres pensées…
Dumbledore agita sa baguette, et l’armoire la plus proche du bureau s’ouvrit pour laisser s’échapper trois flacons de verre qui voletèrent jusqu’à lui. Comme s’il mijotait un plat de cuisine particulièrement appétissant, Dumbledore plongea ensuite sa baguette dans la Pensine et en sortit les souvenirs un à un, pour les enfermer dans les flacons. Quand ils furent tous remplis de la substance argentée, ni liquide, ni gazeuse, ils retournèrent docilement dans leur armoire.
- Tu peux y aller, dit Dumbledore.
- Merci.
Rodolphus pointa le bout de sa baguette contre l’une de ses tempes et se concentra. Quelques secondes plus tard, quand il écarta sa baguette, un léger filin argenté se détacha et tomba dans la Pensine.
- Après toi, dit-il à Dumbledore.
Un sourire amusé, presque infantile, se dessina sur les lèvres de Dumbledore, qui pencha la tête dans la Pensine pour plonger dans les souvenirs de Rodolphus. Rodolphus le rejoignit immédiatement et tous deux se retrouvèrent dans les méandres des souvenirs.
Ils se trouvaient dans un cimetière. Des sorciers et des sorcières, tous de noir vêtus, étaient groupés près d’un cercueil et affichaient une expression ravagée par la tristesse. Leur nombre était plutôt réduit. Parmi eux, un Albus Dumbledore, beaucoup, beaucoup plus jeune que celui d’aujourd’hui.
- Je suis le petit garçon, ici, dit Rodolphus en montrant du doigt un enfant collé aux jambes d’une sorcière.
- Oui, acquiesça distraitement Dumbledore, qui paraissait ailleurs. Le fils d’un des proches amis de mon père.
Un sorcier, habillé un peu différemment des autres, psalmodiait un discours sur l’au-delà que l’on n’entendait pas distinctement.
- Ca fait bizarre, de se retrouver ici, hein ? continua Rodolphus, soucieux de ne pas laisser le silence s’installer trop longtemps entre lui et Dumbledore. Je suis navré de t’infliger ça, mais c’est là que nous nous sommes quittés, j’ai pensé qu’il valait mieux commencer par cela.
- Tu as une excellente mémoire, commenta Dumbledore, les yeux toujours un peu vagues. Tu étais si jeune quand tu as vécu tout ceci.
- C’est vrai. En fait, ce qui m’a marqué et m’a aidé à me souvenir, c’est ça.
Juste à l’instant où Rodolphus prononçait le mot « ça », un des sorciers de l’assistance se rua sur le jeune Dumbledore pour le frapper violemment au visage. Un « oooh » retentit dans l’assemblée. Deux sorcières mirent leurs mains devant la bouche pour étouffer un cri d’horreur.
- C’est plus douloureux vu d’ici, marmonna Dumbledore, un faible sourire sur les lèvres. Mon nez me picote encore.
- Abelforth n’y est pas allé de main morte, en effet… On va s’en aller bientôt, dit Rodolphus, une pointe d’impatience et d’excuse dans la voix.
Effectivement, le décor se brouilla, comme si un peintre fou avait passé un immense pinceau humide dessus. Quelques instants plus tard, il se reforma dans un tourbillon de couleurs.
- Oh, mais c’est Beauxbâtons, reconnut Dumbledore en jetant un bref regard autour de lui.
- Tout à fait, confirma Rodolphus. C’est là que j’ai fait mes études.
- Pourquoi pas Poudlard ?
- J’avais un faible pour les Françaises, avoua Rodolphus en souriant, ce qui eut le don d’éclairer le visage quelque peu éteint de Dumbledore.
- Elles ne manquent pas de caractère, c’est vrai, reconnut-il, malicieux.
Un Rodolphus adolescent marchait dans le couloir du collège de Beauxbâtons, et Dumbledore et le Rodolphus plus âgé lui emboîtèrent le pas. L’adolescent tourna puis se retrouva dans un bureau. Un professeur l’y attendait, l’air réjoui. C’était une femme plutôt âgée, dont les yeux d’aigle papillonnaient sans cesse sous ses longs cils recourbés.
- J’ai les résultats de vos examens, dit-elle quand il eut pris place sur une chaise en bois.
- Et ? interrogea le jeune élève, la voix dénuée de toute anxiété.
- Et vous avez obtenu d’excellents résultats !
- Félicitations, dit Dumbledore dans un murmure.
- Merci, répondit le vieux Rodolphus. Je n’étais pas aussi brillant que toi, mais je dois reconnaître que je ne me suis pas trop mal débrouillé dans ma scolarité.
- Avez-vous un projet de carrière, Edenway ? demanda le professeur.
- Oui, répondit le jeune Rodolphus. Je souhaite devenir Auror.
- Un noble métier que voilà ! Et j’ai le plaisir de vous annoncer que vous en avez tout à fait les capacités. Vous allez entreprendre une formation dès l’année prochaine et… Oui ?
Le jeune Rodolphus avait levé la main pour demander la parole.
- J’aimerais ne pas commencer tout de suite, expliqua-t-il. J’ai encore envie d’étudier, de mon côté.
- Vraiment ? Vous savez, la formation que je vous propose est très complète et…
- Pardonnez-moi, professeur, mais ma décision est déjà prise. Je sais ce que contient votre formation, et je ne doute pas qu’elle soit des plus adéquates pour le futur métier que je veux exercer. Toutefois, je souhaite engranger d’autres connaissances, qui ne me seront pas forcément utiles pour ma carrière d’Auror.
- Ah… Euh, dans ce cas… Je n’y vois pas d’inconvénients, si vous êtes sûr de vous.
- Je le suis.
Le bureau du professeur disparut dans un maelström de formes indistinctes.
- Quel sens des études ! dit Dumbledore en attendant que le décor suivant prenne place.
- Merci, bougonna Rodolphus. Je suis désolé pour les transitions, ajouta-t-il en constatant que le souvenir suivant tardait à venir et qu’ils nageaient encore tous deux dans un brouillard marron. J’ai toujours quelques difficultés avec mes propres pensées, comme je te l’ai dit.
- C’est tout à fait compréhensible. Ah, nous y voilà !
Ils étaient à présent dans une bibliothèque. Un Rodolphus adulte, mais quand même sensiblement plus jeune que l’actuel Rodolphus, était plongé dans la lecture d’un grimoire poussiéreux.
-
Histoire de l’esclavage (revisitée) des Elfes de Maison, lut Dumbledore en regardant le livre.
- Je faisais une thèse sur les Elfes de maison, en particulier sur les enchantements qui les lient à nous, expliqua Rodolphus. Tu aimes les Moldus, moi, j’aime les Elfes.
- J’apprécie grandement les deux espèces, rectifia Dumbledore, tandis qu’une fois de plus, le décor se brouillait autour d’eux. Figure-toi que j’ai une élève à Poudlard qui s’intéresse également beaucoup à ce petit peuple. Elle s’appelle Miss Granger. Une demoiselle d’une vive intelligence. C’est une amie de Harry Potter.
- Harry Potter, répéta Rodolphus. J’avais presque oublié qu’il était à Poudlard. Alors, comment est-il ?
- C’est un élève honorablement doué, courageux, et qui ressemble à ses parents. Il est très attachant.
Rodolphus acquiesça d’un signe de tête. Le nouveau décor venait de s’installer, plus sombre.
- Ah, le Ministère, dit Dumbledore, reconnaissant une nouvelle fois les lieux.
- Oui. Désolé de la rapidité avec laquelle les événements se déroulent, j’ai oublié de me concentrer correctement sur mon souvenir de la thèse sur les Elfes de maison. En théorie, nous aurions dû assister à un bout de conférence sur mon travail, je suis sûr que tu l’aurais apprécié… Bref, voici mon bureau, dit Rodolphus en balayant d’un geste de la main la pièce dans laquelle lui et Dumbledore se tenaient désormais.
Un second Rodolphus, identique au premier, était assis dans un fauteuil miteux, et lisait une lettre. Dumbledore se pencha pour la voir et sourit en reconnaissant sa fine écriture penchée.
- Ton invitation, précisa inutilement Rodolphus. J’avais encore du travail au Ministère pour ma formation, c’est pourquoi je ne suis pas venu plus tôt.
- Je comprends, dit Dumbledore en voyant une pile de parchemins qui s’entassaient dangereusement sur un coin du bureau.
- Nous avons fait le tour, conclut Rodolphus. Nous pouvons remonter.
Ensemble, ils quittèrent la Pensine et regagnèrent le bureau de Dumbledore. Rodolphus agita sa baguette dans la Pensine pour récupérer ses souvenirs.
- Veux-tu les garder ? demanda-t-il à tout hasard à Dumbledore.
- Mes flacons débordent déjà de mes propres pensées, dit Dumbledore avec un grand sourire.
- Très bien.
D’un geste vif, il fit disparaître la substance argentée qui pendait au bout de sa baguette.
- Alors, maintenant, dis-moi pourquoi tu as repris contact avec moi, Albus.
Dumbledore s’installa de nouveau dans son fauteuil, puis posa ses yeux bleus inquisiteurs sur Rodolphus.
- J’aimerais que tu intègres l’Ordre du Phénix, dit-il sans détour.
- L’Ordre du… Je ne saisis pas.
- Voldemort est revenu.
La nouvelle fit l’effet d’un coup de poing sur Rodolphus.
- Revenu ? Tu veux dire… Il est vivant ?
- On peut dire ça comme ça.
Rodolphus se cala plus profondément dans son siège, pour digérer cette information.
- Tu as des preuves ?
- Le témoignage de Harry Potter. Et quelques signes avant-coureurs.
- Rien d’irréfutable, en somme.
- Si, dit doucement Dumbledore. Ma conviction.
Rodolphus soutint le regard perçant de Dumbledore, comme pour jauger de la véracité de ses dires. Une minute s’écoula. Puis Rodolphus éclata de rire.
- Je te crois, dit-il. Ta…
conviction me suffit. J’avais déjà entendu des rumeurs au Ministère. Mais il semblerait que Monsieur le Ministre ne soit pas de ton avis.
- Je déplore ma divergence de point de vue avec Cornelius, dit Dumbledore, une sincère tristesse dans la voix. Mais il refuse d’entendre raison. Nous allons devoir nous passer de son soutien.
- Et si j’entre dans l’Ordre, qu’est-ce que je devrais y faire ?
- Pour l’instant, termine ta formation d’Auror. J’ai déjà quelques personnes de confiance dans le Ministère pour surveiller Cornelius et les éventuelles intrusions indésirables dans son entourage, mais une paire d’yeux supplémentaire ne sera pas de trop.
- Tu veux que j’
espionne le Ministre ? Je suis en phase de devenir Auror, Albus !
- Si le mot te fait peur, tu n’as qu’à dire que tu l’observes attentivement, dit Dumbledore en haussant les épaules. Quand tu auras fini ton stage et ta formation, j’aurai un travail pour toi, en Albanie. Maintenant, reprit-il en sortant une montre aux multiples aiguilles de sa poche, et je suis désolé de te congédier si vite, je dois encore envoyer beaucoup de courriers. Je suis ravi que tu aies répondu à mon appel, répéta-t-il avec un sourire d’excuse.
Il se leva et tendit une main à Rodolphus, qui la serra avec empressement.
- Je suppose que nous nous reverrons bientôt, dit Rodolphus avant de se diriger vers la sortie. Au fait, Albus…
- Oui ?
- Ton hydromel était excellent.
Et le visage souriant de Dumbledore disparut lorsqu’il referma la porte.
21 ans plus tard, Rodolphus Edenway, Auror aguerri, et ami du défunt Albus Dumbledore, continuait vaillamment sa carrière aux côtés des membres de l’Ordre.