Anna Fivian Green .: Paille d'Or :.
Nombre de Messages : 446 Date d'inscription : 22/06/2009
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| Sujet: Mauvaise nouvelle ... Mar 30 Juin - 18:46 | |
| Voilà... Ce n'est pas à proprement parler une fanfiction... Mais plutôt le premier chapitre d'un roman en construction ! Vous verrez que si le caractère d'Anna, le personnage que je joue, est si défini dans mon esprit, c'est simplement parce qu'elle est l'héroïne du roman que j'écris ! ^^ _________ Chapitre 1 : Mauvaise nouvelle
Combien de fois l’homme en colère nie-t-il avec rage ce que lui souffle son moi intérieur ? - Frank Patrick Herbert Alors que mon esprit vagabondait dans les eaux troubles de mes pensées et de mes rêves, un bruit fort et strident me ramena à la réalité avec un sursaut. C’est d’un coup de poing habituel que j’éteignis mon réveil, avant de pousser un grognement tout en enfouissant ma tête sous ma couette. Aujourd’hui, c’était la rentrée. Le début des cours, la reprise du lycée et des devoirs… Tout cela me démoralisait déjà. Je ne voulais en aucun cas me lever et quitter la chaleur de mon lit pour retrouver le lycée. Ce lieu, pourtant si banal pour les autres, était comme un enfer pour moi, rempli d’étrangers auxquels je ne pourrais jamais me mêler.
Certains lycéens avaient des amis, mais ce n’était pas mon cas. Pour être franche, je n’avais aucun ami. Pourquoi ? Peut-être parce que je n’étais pas souvent aimable et que j’appréciais la solitude que je m’étais moi-même imposée au cours des années passées. Si pour certains, la solitude était vécue comme un fardeau, ce n’était absolument pas mon cas : elle m’apportait la possibilité de voler de mes propres ailes, celle aussi de ne dépendre de personne, et elle ne m’obligeait pas à toujours sourire pour faire croire aux autres que tout allait bien. Je pouvais dire que la solitude faisait partie de moi : elle faisait partie de ma vie, mais également de mon caractère. Je savais que j’étais tout simplement incapable de parler aux autres.
C’est avec un long soupir que je retirai la couette de ma tête pour pouvoir me lever. Je me rendis dans la salle de bains qui jouxtait ma chambre et qui m’avait récemment été attribuée, en traînant des pieds. Ce matin, je n’avais qu’une demie heure pour me préparer et me rendre à pieds jusqu’au lycée. Cette rentrée en Première ne serait pas la première que j’aurais à faire : J’avais déjà été en Première l’année passée, j’étais ce que tout le monde appelait une « doublante », mais à titre de d'excuse, mon déménagement en cours d’année avait pas mal contribué à mon échec scolaire. Je venais en effet tout juste d’emménager à Portland, puisque auparavant, je vivais à Bristol, en Angleterre. J’étais consciente que j’avais pas mal été déboussolée dès mon retour en Oregon, si bien que j’avais peu à peu négligé mes études, au plus grand désespoir de Daniel. Daniel était mon père… ou plutôt mon géniteur, puisqu’il ne m’avait presque pas élevée jusqu’à mes 16 ans. Je vivais désormais avec lui, sous l’ordre de la justice américaine qui avait trouvé juste de rendre à un père sa fille orpheline vivant à l’autre bout du monde. Bien évidemment, je n’avais pas été consultée, dans ce chois si « juste », on ne m’avait pas demandé si mon retour en Amérique me convenait, ni même s’il me perturberait. L’Oregon était en effet mon pays d’origine. J’étais née ici, et avais vécu dans les alentours, à quelques kilomètres de Portland, jusqu’à mes 6 ans, âge auquel ma vie toute entière et pourtant si courte avait changée du jour au lendemain, lors de mon retour de l’école. Ce jour, le 28 Mars 1997 pour être précise, j’avais eu un accident de voiture en rentrant chez moi, ce qui m’avait valu un séjour de près de deux mois dans le coma, et ce qui avait coûté la vie à ma mère. C’était à cette époque que mon père m’avait laissée seule à l’hôpital et qu’il avait mystérieusement disparu sans une seule explication. Tout le monde s’était immédiatement inquiété, les jours avaient défilés et la police avait été prévenue dès lors qu’il avait cessé de venir me voir. Cependant, les recherches de police mises en place n’avaient pas permis de le retrouver, et ça avait été tout naturellement que j’avais été placée en foyer dès mon rétablissement, puisque tout le monde ou presque considérait mon père comme mort, bien que rien ne soit reconnu officiellement. J’avais alors été recueillie par une famille d’origine Anglaise, auprès de laquelle j’avais vécu pendant 2 années à Atlanta, jusqu’à ce que celle-ci ne fasse une demande d’adoption, et ne m’emmène avec elle en Angleterre. Ma vie avait beau avoir été entièrement chamboulée, ce départ et cette adoption s’étaient présentés comme une seconde chance : celle d’avoir de nouveaux parents, une nouvelle vie, loin du drame de mon enfance et de la mort, mais tout ne s’était pas passé exactement comme prévu…
Aujourd’hui, j’étais donc de retour auprès de mon père, au sens génétique du terme. J’avais du faire une croix sur ma vie Anglaise et sur mon passé, pour faire face à un passé encore plus lointain, mais également au visage d’un homme que je détestais plus que tout. Le fait que j’aie vécu pendant 6 merveilleuses années auprès de Daniel ne signifiait pas que je sois heureuse de mon retour en Amérique et encore moins du fait qu’il soit en vie. J’avais été brisée, abandonnée, par tous ceux qui m’étaient chers, et lui l’avait fait de son plein gré. J’aurais préféré qu’il soit mort, plutôt que savoir qu’il m’avait sciemment laissée seule au moment où j’avais le plus besoin de lui. Alors non, je n’étais pas heureuse, mais plutôt révoltée. J’avais tout de même du quitter Bristol, ville qui avait - malgré de nombreuses difficultés – représenté pour moi la possibilité de me reconstruire une vie « normale », pour revenir dans cette ville maudite où avait péri ma mère, sans que mon père ne soit en mesure de s’expliquer sur son attitude passée, ni même sur sa lâcheté. Cependant, son manque d’explications et mon retour forcé n’étaient pas les seules raisons de ma colère. À cela s’ajoutait Loïs, la nouvelle épouse de mon père, omniprésente dans sa vie comme dans la mienne.
Après avoir pris une douche très rapide, et m’être démêlé mes cheveux, j’étais descendue au rez-de-chaussée pour prendre mon petit déjeuner. Contrairement à certaines filles, je ne passais pas des heures devant mon miroir avant de me considérer comme prête. C’était une chose que faisait tous les jours Loïs, puisqu’elle ne supportait pas de sortir de la maison sans sa tonne de fond de teint sur le visage, et sa couche épaisse de mascara sur les cils. J’étais cependant, et ce sans vouloir paraître prétentieuse, assez jolie de nature. Même sans efforts particuliers, j’arrivais à rester dans la norme, sans pour autant me faire remarquer. J’étais assez petite pour mon âge… Je ne dépassais pas les 1m65, et je n’avais que la peau sur les os, bien que je ne cessais de manger à ma faim. Mes cheveux, mi-longs, blonds et frisés, étaient toujours détachés ou presque, ce qui m’évitait de passer plusieurs heures à me coiffer. Pour ce qui était de mon visage, il n’avait rien de bien particulier : je possédais des yeux verts, presque en contraste avec mon teint pâle et ma mine incolore. J’étais en opposition parfaite avec Loïs : grande et svelte, l’épouse de mon père possédait des cheveux bruns coupés courts, et des yeux marrons. En plus de cela, son exposition quasi-permanente au soleil par le passé –puisqu’elle vivait avant dans l’Arizona – lui avait donné un teint halé qui contrastait parfaitement avec le mien. Pour beaucoup de personnes, Loïs était certainement la femme parfaite, à qui tout réussissait. Malheureusement, moi, je ne pouvais pas la supporter, c’était plus fort que moi.
Ce matin là, j’espérais secrètement ne croiser ni Daniel, ni Loïs : cette journée serait suffisamment terrible, sans que les voir dès mon réveil ne vienne empirer les choses. Mais c’était sans compter sur la détermination de ces deux là à vouloir me pourrir la vie : Quand j’entrai dans la cuisine, je constatai qu’ils étaient déjà levés. Mon père était assis à la table, la journal en mains, il attendait que Loïs ne lui serve les œufs qu’elle était en train de préparer (c’était en tout cas ce que j’en déduisais de l’odeur qui se dégageait de sa poêle). Sans un mot, je pris place face à mon père, le plus loin possible de lui. Lorsqu’il entendit le bruit de ma chaise racler le sol, Daniel porta son attention sur moi, et délaissa les nouvelles fraîches du jour pour m’accorder un regard et un sourire – que je jugeais d’hypocrite.
- Bonjour Anna ! Bien dormi ?
Avant même que je ne réponde quoi que ce soit, Loïs se tourna vers nous, avec un sourire figé sur les lèvres.
- Oh ! Enfin levée ! Tu as faim ? Je t’ai préparé des œufs, pour que tu commences bien ta journée !
C’est avec les lèves pincées, et un ton ironique que je lui répondis :
- Merci, je pense que ma journée ne pouvait pas mieux commencer.
Après cette réplique, je jetai un coup d’œil à ses œufs, avant de m’emparer du paquet de céréales sur la table, et d’en verser dans un bol en face de moi, j’y ajoutai un peu de lait, et commençai à manger, en essayant de ne pas me soucier de la présence du couple que j’avais en face de moi. Mon père me lança un regard réprobateur qui ne m’échappa pas, ce à quoi je lui renvoyai un regard des plus féroces.
- Essaie de faire des efforts, s’il te plait Anna. Nous n’y sommes pour rien si tu as loupé ton année, et que tu doives la recommencer maintenant.
Je relevai la tête vers lui avec incrédulité.
- Vous n’y êtes pour rien ? Oh bien sûr, c’est vrai que faire recours à la justice pour m’arracher à mon nouveau pays dans lequel j’avais des chances, aussi infimes soient elles, de me faire adopter à nouveau avant ma majorité, juste parce que ta nouvelle compagne a une obsession envers les enfants, ne peut en aucun cas perturber mon parcours scolaire !
Ils ne répondirent rien, ce qui me laissa un peu de temps pour manger. Après quelques minutes de silence, c’est Loïs qui reprit la parole d’un ton calme. Elle avait elle aussi regagné sa place, et regardait son assiette sans y toucher.
- Tu as tord.
Je relevai la tête vers elle pour lui lancer un regard interrogateur. En quoi avais-je tord ? Elle savait très bien que tout ce que je venais de dire était exact, et que c’était leur seule présence dans ma vie qui m’avait tant révoltée et qui m’avait amenée à l’échec.
- Nous ne t’avons pas récupérée parce que je souhaite avoir des enfants… Mais parce que ton père souhaitait t’avoir à ses côtés pour que nous entamions tous ensemble une nouvelle vie de famille. - Eh bien je n’en veux pas, moi, de votre famille. Je n’avais pas besoin de vous - je lançai un regard à mon père, avant d’ajouter - je n’avais pas besoin de toi maintenant, c’était avant qu’il me fallait un père, quand tu es parti sans une explication et que tu m’as laissée seule aux mains d’étrangers. C’était quand je me suis réveillée à l’hôpital, que j’ai appris la mort de maman que j’avais besoin de toi. Je n’avais pas besoin que tu débarques dans ma vie 10 ans plus tard, comme si rien ne s’était passé, et encore moins que tu me demandes de participer à ta nouvelle vie parfaite. Construis la sans moi, ta famille. Tu as réussi à me faire revenir, mais ça ne veut pas dire pour autant que je ferai des efforts, ni même que je serais la fille parfaite que tu voudrais que je sois.
Là encore, mes mots, assez durs, et pourtant réels, installèrent un froid entre nous trois. Je recommençai à manger, en pensant avoir enfin réussi à les dissuader de me parler, lorsque mon père me répondit :
- Je n’ai jamais dit que je voulais que tu sois une fille parfaite. Je n’avais pas non plus besoin de toi pour construire ma famille. Je voulais que tu partages mon nouveau bonheur. N’es-tu pas heureuse depuis ton retour ? Ca ne fait que six mois que tu es ici, tu ne peux pas me dire que tu n’as pas pu trouver ne serait-ce qu’un seul point positif à cette nouvelle vie que je t’offre ?
Je ne lui répondis pas, et il ajouta bien vite :
- Loïs et moi allons avoir un enfant.
Un peu déboussolée par ces mots, je mis quelques secondes avant de réaliser ce qu’ils signifiaient vraiment.
- Quoi ? - Je suis enceinte.
Je posai mon regard sur mon père, puis sur Loïs, sans pouvoir cacher ni ma surprise, ni même la haine qui devait passer dans mes yeux à cet instant… Je les détestais, plus que tout. Pire que ça, je les méprisais. Et mon père… Il était bien le pire des deux. Je n’avais pas fini mon bol de céréales et pourtant, je me levai avant de déclarer sans enthousiasme :
- Toutes mes félicitations, alors.
Après ça, je récupérai mon sac de cours en bas de l’escalier et quittai la maison le plus rapidement possible. Je devais partir, et vite. Je ne les supportais plus, et je savais que je ne pourrais pas passer une minute de plus en leur présence sans devenir folle. Ils jouaient avec mes nerfs, ils étaient égoïstes, et ils m’avaient blessée. C’est avec des larmes de colère que je commençai à marcher en direction du lycée, pour ce premier jour qui risquait sûrement d’être long, et surtout très pénible… | |
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