[OU] Recherches infructueuses

Bien souvent, Anna s'était demandée comment elle avait pu atterrir à Serdaigle. Il était vrai qu'elle était une fille sérieuse, mais quand elle voyait certains élèves de sa maison, toujours le nez dans leurs bouquins, elle se demandait comment elle avait bien pu finir avec eux. Souvent, elle s'était posée cette question, et elle en était toujours venue à la même conclusion : si elle était à Serdaigle, c'était parce qu'elle n'avait le profil pour aucune autre maison. Elle n'était pas assez courageuse pour être à Gryffondor, trop renfermée pour être à Poufsouffle, trop née moldue pour être à Serpentard... La seule maison qu'il restait donc avait été Serdaigle !

Ce jour là, il faisait beau, et Anna comptait bien profiter du soleil qui brillait dehors pour sortir enfin de la salle commune de Serdaigle. Depuis quelques jours, cette salle commune était devenu son repère. Un repère dans lequel elle faisait semblant de travailler. Mais aujourd'hui, rester enfermée alors que le soleil rayonnait dehors semblait inhumain. C'était pour ça qu'Anna était sortie avec son livre de sortilège sous le bras, et son sac sur l'épaule.

Lorsqu'elle traversa les couloirs, pour arriver jusque dans le hall, elle ne croisa personne de sa connaissance. Et lorsqu'elle arriva dans le parc, peu de monde était là, mais elle alla malgré tout vers un endroit isolé, pour être certaine de ne pas être dérangée. La blondinette posa alors son sac par terre, et s'installa sur le sol, à l'ombre d'un arbre. Elle posa son livre de sortilège sur ses genoux, et l'ouvrit au hasard.

Là, elle posa dessus un journal moldu à la page des petites annonces. Anna chercha du regard la partie "Logements", et lorsqu'elle la trouva, elle commença à la lire avec attention. Malheureusement pour elle, la plupart de ses annonces concernaient des maisons à vendre... Ce qu'elle cherchait, elle, c'était une maison à louer...

Elle cherchait depuis plusieurs jours, mais n'avait rien trouvé. Dans Londres, les habitations proposées avaient été bien trop couteuses pour une étudiante de seize ans qui n'avait aucune source de revenus. Elle le savait, de toute façon, si elle se trouvait un logement, elle devrait mentir sur son âge, s'arranger avec le propriétaire, ou alors, trouver un adulte quoi serait prêt à l'aider et à faire croire que l'appartement qu'elle cherchait était pour lui, mais ça n'était pas gagné. Elle avait beau chercher, elle en arrivait toujours à la même constatation : toutes les maisons et appartements proposés étaient trop chers. Il n'était pas non plus question de colocation avec des moldus, ils n'auraient jamais accepté qu'une gamine de seize ans ne vive pas chez son père.

Pourtant, elle n'avait plus de chez elle. Depuis qu'elle s'était disputée avec son père, elle n'avait plus de maison. Si elle retournait chez lui, elle savait ce qui l'attendrait : il la placerait en foyer et elle préférait encore dormir dans la rue que retourner là bas. Après plus d'une demie heure à éplucher les petites annonces, cachées par son bouquin, la jeune fille poussa un soupir. Il n'y avait rien à faire, elle ne trouvait rien ! Alors, qu'est-ce que ça voulait dire ? Qu'elle allait dormir dans la rue ? Elle sentait l'angoisse s'infiltrer en elle. Vivre dans la rue, elle en était incapable, même pour deux petits mois. Elle devait vraiment se bouger pour trouver quelque chose dans les mois qui venaient. Mais malgré l'angoisse, malgré l'urgence, elle n'arrivait pas à s'impliquer pleinement dans sa recherche.

En effet, dans son malheur, Anna avait eu de la chance, une chance qui lui accaparait tout son esprit et tous ses sens depuis quelques jours. Ethan était de retour dans sa vie, et dans son coeur. Celui qui occupait tous ses esprits depuis plusieurs mois ne quittait désormais plus ses pensées. Elle savait que ça n'était pas bon, qu'elle s'attachait trop et qu'elle en souffrirait plus tard, mais elle ne parvenait pas à s'imaginer loin de lui maintenant qu'elle l'avait enfin retrouvé. Voilà qu'elle divaguait encore, qu'elle pensait encore à lui. Elle avait la tête baissée sur son livre et son journal, et elle avait été absente pendant quelques instants, elle n'en avait même pas entendu la personne qui s'était approché d'elle et dont la silhouette laissait une ombre sur ses affaires.

La blondinette releva donc la tête, pour voir celui ou celle qui s'était approché d'elle et qui avait su la trouver dans cet endroit isolé.